L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

Phénix et ses histoires d’horreur

Plus tôt cette année, nous avons invité les membres à nous parler des répercussions du fiasco Phénix sur leur vie.

Dire que les membres de l’Institut sont à bout serait sous-estimer les préjudices causés par le système — et les plaintes continuelles à son égard.

De toute évidence, Phénix fait beaucoup plus de victimes que ne le laisse entrevoir la feuille de paye du gouvernement. Des chefs de famille monoparentale sont incapables de compter sur une paye pour payer l’hypothèque et nourrir les enfants. Des nouveaux retraités tentent patiemment de faire corriger leur paye et de recevoir enfin leurs premières prestations de retraite tout en composant avec leurs problèmes de santé ou ceux d’un proche. Les exemples foisonnent et plaident pour l’adoption d’un meilleur système de paye.

Cette situation a forcé bien des gens à demander une aide financière à leur famille pour pouvoir payer leurs factures. Elle a aussi causé des séparations et obligé des personnes déjà aux prises avec des problèmes de santé ou d’incapacité à devoir porter en plus le lourd fardeau de l’angoisse et du stress financier.

Comme l’a souligné un membre à son retour de congé de maladie : « Je peux honnêtement dire que mon combat contre le cancer a été pas mal plus facile que celui que je mène contre Phénix. »

D’autres ont dû mettre en suspens leurs projets d’avenir. « Je suis dans la fonction publique depuis quelques années et ma conjointe aussi », de mentionner quelqu’un. « Nous attendons que les ratés de Phénix soient réglés avant d’avoir des enfants. Nous avons peur de ne plus pouvoir payer le loyer ni subvenir aux besoins d’un enfant sinon. Comme nous ne savons pas quand la situation reviendra à la normale, nous ne savons pas quand nous pourrons fonder une famille ».

Les difficultés financières en ont laissé d’autres dans l’incertitude aussi, même parmi les plus anciens employés. « Phénix a écourté mon congé parental, écrit quelqu’un d’autre. Il a stressé et éprouvé ma famille. Nous étions à l’abri, financièrement, mais nous avons dû nous résoudre à nous tourner vers nos proches pour boucler nos fins de mois. Je ne vois pas le bout du tunnel et mon conjoint ne cesse de me poser la question : ‘Comment un employeur peut-il continuer à vous traiter de la sorte?’Aujourd’hui, je me demande si je ne devrais pas arrêter l’hémorragie (après un peu moins de 20 ans de service) et me trouver un emploi qui me permettrait au moins d’avoir un chèque de paye. »

Il n’est pas surprenant que les émotions les plus souvent exprimées soient la frustration et le cynisme. « J’ai passé 41 ans au gouvernement fédéral… tu parles d’une belle récompense! », s’insurge une retraitée qui vit sur sa marge de crédit pendant qu’elle continue d’attendre ses premières prestations.

L’angoisse fait parfois place à des problèmes de santé mentale. « Ma santé mentale en a pris pour son rhume », écrit une infirmière en santé mentale aux prises tour à tour avec des moins-perçus, des trop-perçus et des calculs erronés de ses crédits de congé de maladie et de son épargne-retraite. « L’insomnie, l’inquiétude de ne pas savoir si je serai payée un jour et le montant que je serais censée devoir à l’ARC nuisent beaucoup à mon équilibre mental », souligne une autre membre.

Un troisième membre écrit : « les créanciers m’appellent au bureau et à la maison. Le courant a été coupé et j’ai dû demander de l’argent à mes proches. Les créanciers se moquent bien de savoir quand je vais recevoir mon chèque de paye. Ils veulent leur argent. »

C’est ce genre de problèmes qui motive encore plus l’Institut à demander au gouvernement de verser des dommages-intérêts à ses membres. Et nous continuons de presser le gouvernement de le faire. L’urgence de trouver un nouveau système de paye, un système qui marche et qui aura été créé par et pour les fonctionnaires fédéraux, n’en est que plus évidente.

Si ce n’est déjà fait, je vous incite fortement à écrire au Groupe de travail ministériel afin de lui demander de collaborer avec les membres de l’Institut pour trouver une solution de rechange à Phénix. Si vous voulez raconter ce que Phénix vous fait subir, faites-le ici.