Je ne suis pas un expert en ce qui concerne l’ALENA et d’autres accords commerciaux, mais je voulais simplement faire part de ma compréhension des répercussions qu’un tel accord peut avoir sur les conditions de travail en Amérique du Nord.
L’écart salarial entre les travailleurs du Canada et des États-Unis et ceux du Mexique est ahurissant. Aux États-Unis, un travailleur à la chaîne peut gagner entre 40 et 50 $ l’heure tandis qu’au Mexique, il pourrait gagner aussi peu que 2,30 $ l’heure. Comment un commerce équitable peut-il être maintenu avec une telle différence dans le coût de production? Il n’est pas surprenant que le président Trump considère le Mexique comme un gros problème commercial.
[Nouvelle usine de ThyssenKrupp à Puebla, au Mexique]
Mais d’un point de vue socialiste, l’impact sur les travailleurs est également terrible. À 2,30 $ l’heure, vous ne rapportez pas beaucoup d’argent chez vous. Votre capacité à subvenir à vos besoins de base est limitée et, bien sûr, on ne parle pas d’articles de luxe. La classe moyenne est non-existante au Mexique. Les travailleurs vivent entassés dans de petits espaces, certains étant fournis par le gouvernement ou par les entreprises qui les contrôlent.
Le cadre législatif au Mexique est très faible et peu appliqué. Il a permis la création de syndicats « corporatifs » qui maintiennent les salaires à un strict minimum. Certains de ces syndicats ont été créés des années avant que les entreprises n’embauchent leurs premiers employés et ont établi des conditions de travail sans la participation des travailleurs, sans consultation ni négociation avec eux.
La participation de l’IPFPC aux négociations de l’ALENA se fait par l’intermédiaire du Congrès du travail du Canada (CTC). Son président, Hassan Yussuff, fait partie d’une équipe représentant les travailleurs d’Amérique du Nord. Des pressions sont exercées sur les partenaires pour qu’ils établissent des conditions de travail équitables, haussent le salaire minimum à un niveau raisonnable et fournissent des mesures de protection en matière de santé et de sécurité. Ce genre de travail se fait également au niveau international, par l’intermédiaire de l’Organisation internationale du travail, dont le CTC fait partie.
La situation au Canada n’est pas parfaite et les grandes sociétés capitalistes exercent continuellement des pressions pour discréditer les syndicats et limiter le pouvoir combiné des travailleurs syndiqués. Monter les travailleurs les uns contre les autres en recourant à la sous-traitance et à des travailleurs à temps partiel précaires fait partie de leur boîte à outils. Nous devons résister et continuer à demander des conditions de travail équitables pour tout le monde.
# Solidarité
Stéphane Aubry
Vice-président de l’IPFPC
Le 27 septembre 2017