L'Institut professionnel de la fonction publique du Canada

Huit annonces budgétaires qui font parler les professionnels de la fonction publique

1. Annonce historique en matière de garde d’enfants

L’annonce gouvernementale d’un meilleur accès à des services de garde d’enfants abordables est une grande victoire pour les familles de parents travailleurs et travailleuses. Cette mesure changera la vie des femmes qui assument systématiquement le plus souvent la garde des enfants au Canada.

Les détails du programme devront être fixés en consultation avec les provinces, mais un objectif ambitieux de 10 $ par jour a été établi, les fonds nécessaires ont été affectés et le travail commencera dans l’exercice en cours. L’annonce a reçu un accueil très positif de la part des grands défenseurs de cette cause, dont l’organisme Un enfant Une place.

Nous devons rester vigilants et nous assurer de la bonne mise en œuvre de cette initiative.

2. Le leadership fédéral en matière de santé publique est la nouvelle norme

La pandémie a fait ressortir l’importance d’une infrastructure de santé publique solide et bien dotée en ressources. Dans une fédération comme le Canada, une telle infrastructure nécessite une coordination entre l’Agence de santé publique du Canada et Santé Canada, et ce, à l’échelle nationale.

Le budget de 2021 réaffirme le rôle majeur de ces organisations dans la lutte contre la pandémie, mais signale également leur importance générale en les mettant à contribution pour aborder des questions telles que la violence domestique, la santé mentale, le diabète, l’autisme et les soins de longue durée.

3. Le genre, la diversité et l’inclusion deviennent une priorité nationale

Les conséquences néfastes de la pandémie n’ont pas été les mêmes pour tous les Canadiens et Canadiennes. La discrimination systémique était une réalité avant la crise et qu’il s’agisse de l’exposition accrue aux risques sanitaires ou de la précarité économique, la pandémie n’a fait qu’aggraver le caractère destructeur de cette discrimination.

Le budget de 2021 reconnaît l’existence d’une « récession des femmes » et comprend des mesures visant à atténuer les problèmes auxquels font face les femmes dans le monde du travail. Il recueille des données, analyse les problèmes et cible les solutions en fonction de celles qui en ont le plus besoin.

Bien qu’il s’agisse d’une grande priorité, le gouvernement a beaucoup de travail à faire en tant qu’employeur pour assurer l’équité entre les sexes. Au cours des derniers mois, nous avons consacré beaucoup d’énergie à des questions comme la prévention du harcèlement, l’accès au congé 699 et le découragement de la sous-traitance de travaux à des entrepreneurs aux pratiques de travail douteuses. Ces questions ont toutes une incidence disproportionnée sur les femmes et le budget ne donne aucune indication explicite que des changements sont à venir. Nous nous attendons à ce que le gouvernement fasse mieux sur ce plan.

4. L’équité fiscale : beaucoup de paroles, mais peu d’action

Vu les profits faramineux qu’ils ont réalisés durant la crise, on ne peut pas ne pas mettre les ultra-riches et les géants du Web à contribution dans le rétablissement de la société.

Nous le demandions depuis des années : le gouvernement réinvestit enfin, mais lentement, dans l’Agence du revenu du Canada après des années de compressions mal avisées. Le budget 2021 ajoute 534 M$ sur 5 ans au renforcement des capacités de l’ARC et de la lutte contre l’évasion et l’évitement fiscaux.

D’autres initiatives importantes ont été annoncées, dont une taxe sur les services numériques pour des entreprises comme Netflix et Amazon, ainsi que la suppression des échappatoires liées aux « déductions d’intérêts excessives », et deux nouvelles taxes, l’une sur les voitures, les bateaux et les avions de luxe et l’autre, conçue pour décourager la spéculation immobilière par des entités étrangères qui laissent des propriétés vacantes.

Le budget 2021 prévoit aussi la création d’un registre accessible au public qui identifie les bénéficiaires effectifs des sociétés canadiennes. Cette initiative a été préconisée par les vérificateurs de l’ARC comme un moyen efficace de décourager les comportements illégaux favorisés par l’opacité des relations de propriété. Si l’annonce est bienvenue, le délai de mise en œuvre complète pour 2025 est inutile.

Toutes ces mesures sont les bienvenues, mais le rendement attendu est faible (3,5 milliards de dollars par an) par rapport à l’ampleur de la réponse à la crise. Il y a toujours un potentiel énorme d’accroître nos revenus d’imposition avec l’adoption de davantage de mesures favorisant l’équité fiscale.

5. La recherche et le développement doivent faire l’objet d’une attention particulière au sein des ministères fédéraux.

L’innovation, la recherche et le développement constitueront une partie importante du processus de rétablissement post-pandémie. Le gouvernement a donné plus de précisions sur le Fonds d’innovation stratégique, doté de 7,2 milliards de dollars, ainsi que sur la Stratégie nationale quantique, dotée de 360 millions de dollars.

L’augmentation du financement du Conseil national de recherches du Canada et de l’Agence spatiale canadienne, ainsi que l’octroi de nouveaux fonds à Statistique Canada et à Environnement et Changement climatique Canada pour la création d’un recensement de l’environnement, sont également de bonnes nouvelles.

Malheureusement, la plupart des autres ministères de l’Administration centrale ont reçu des montants relativement faibles pour la recherche et le développement, ce qui s’inscrit dans la tendance de longue date vers l’affaiblissement de la R-D interne au gouvernement fédéral par rapport au secteur privé et aux universités.

6. Il est important d’établir un plan de relance vert et de protéger les services publics

Le rendement économique positif du quatrième trimestre de 2020 signifie que le déficit total devrait être moins important que prévu l’automne dernier (354 milliards de dollars au lieu de 382 milliards de dollars).

Le déficit fédéral engendré par la réaction à la pandémie se situe dans la moyenne des autres pays de l’OCDE. Le Moniteur des finances publiques du Fonds monétaire international d’avril 2021 montre que la dette nette fédérale du Canada devrait représenter un tiers de la moyenne des pays du G20 en 2020 et en 2021.

La solidité de la situation financière du gouvernement fédéral avant la crise, combinée à un faible niveau d’endettement et à des taux d’intérêt peu élevés, lui permet de protéger les Canadiens, d’investir dans les technologies vertes pour stimuler une reprise complète, de faire face à des événements imprévus et de maintenir les services publics sur lesquels compte la population. Mieux vaut que le gouvernement en fasse trop qu’il en fasse trop peu.

7. L’infrastructure informatique et les arriérés de Phénix

Nous saluons les investissements critiques du gouvernement dans ses systèmes informatiques vieillissants. Services partagés Canada (SPC) reçoit ainsi 300 M$ sur 3 ans pour réparer et remplacer son infrastructure informatique. Un montant supplémentaire de 453 M$ pour l’amélioration de la cybersécurité de SSC et du Centre de la sécurité des télécommunications a été annoncé. Ce travail doit être effectué à l’interne par les professionnels des technologies de l’Information (TI) de la fonction publique.

Services publics et Approvisionnement Canada se verra allouer 46 M$ pour éliminer les arriérés de traitement de paye du système Phénix d’ici décembre 2022. Ce système de paye continue à faire des ravages pour nos membres. Espérons que ce financement réglera tous les problèmes de paye de Phénix.

8. Salaire minimum de 15 $ l’heure

Le salaire minimum de 15 $ l’heure annoncé dans le budget de 2021 est une victoire majeure pour le mouvement syndical et les travailleurs. L’annonce bénéficiera directement à 26 000 travailleurs qui gagnent actuellement moins que le nouveau salaire minimum chez des employeurs du secteur privé sous réglementation fédérale, tels que les banques, les sociétés de télécommunications et les compagnies aériennes. Il est impératif que les provinces emboîtent le pas et qu’elles adoptent un salaire minimum viable pour tous les Canadiens et Canadiennes.