Après six ans de tentatives de gel salarial au gouvernement ontarien, Carrie Gerdes en a eu assez. Elle décide en 2012 de lutter pour que le service de radiologie du Centre de cancérologie Juravinsk de Hamilton obtienne l’accréditation nécessaire pour appartenir au syndicat.
« À partir de là, je me suis investie comme militante syndicale et dans l’Institut comme tel », mentionne-t-elle. « Je suis fière d’être militante syndicale. Faire partie d’un syndicat fait que nous pouvons compter sur le pouvoir du groupe pour faire entendre nos préoccupations professionnelles. »
La situation s’est améliorée depuis que le Centre a intégré l’Institut, mais ce n’est pas fini. Comme d’autres professions de la santé, les restrictions budgétaires se font aussi ressentir dans son service un peu trop dépendant du personnel temporaire.
« La précarité d’emploi est endémique chez nous », ajoute Carrie. « Je parle des effets qu’entraîne pour les professionnels le fait de vivre jusqu’au prochain chèque de paye sans savoir ce que leur réserve l’avenir. »
Les jeunes qui entreprennent leur carrière ne sont pas admissibles à un prêt hypothécaire ni à un congé de maternité. Cette incertitude a des effets sur les patients.
Comme radiothérapeute, Carrie doit nouer de bonnes relations avec les patients en traitement pour un cancer. Elle mentionne qu’il s’agit de la plus agréable – mais aussi de la plus difficile partie de son travail.
« Nous sommes ici pour leur offrir du soutien affectif aussi bien que des soins attentifs et de qualité », explique Carrie. « La radiation fait peur à tout le monde. Nous avons la satisfaction d’expliquer chaque étape aux patients – depuis le tomodensitogramme jusqu’au traitement quotidien – en dissipant leur peur et en continuant d’entretenir la relation. »
La plupart des patients du Centre subissent un traitement pour le cancer de la prostate ou du sein qui donne généralement de bons résultats. Mais il y a aussi ceux en soins pédiatriques ou en traitement d’une tumeur cérébrale. Carrie fait passer des tomodensitogrammes, tatoue des patients, explique le plan de traitement et aide les patients à gérer les effets secondaires de la radiation. « C’est comme le pire coup de soleil de votre vie », dit-elle.
Carrie est particulièrement fière des avancées que son équipe a réussi à réaliser dans le traitement par radiation grâce aux percées technologiques. La « cybermachine à couteaux » permet aujourd’hui de cibler seulement la partie du cerveau touchée.
Le traitement par radiation se révèle un parcours émotif – pour les patients –, mais aussi pour les soignants.
« L’une des dimensions les plus difficiles est de nouer des liens affectifs sans nous attacher émotivement aux résultats. »
C’est la plus difficile, mais aussi la plus gratifiante. Au contraire d’autres fournisseurs de soins de santé qui reçoivent leurs patients uniquement de temps en temps, Carrie rencontre les mêmes personnes jour après jour – souvent durant les jours fériés – ce qui tisse des liens encore plus forts.
« Nous voyons les mêmes patients quotidiennement et nous les conseillons sur les divers aspects de leur traitement durant la phase cruciale. Nous devenons de la famille. »